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Les jardins de Séricourt

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Snowshill Manor


Serre de la Madone

France (Provence-Alpes-Côte d'Azur)

Infos pratiques

- 74 route du Val de Gorbio 06500 Menton, France. Tél: 00 33 (0)4 83 93 70 20. Email: stephanie.ciocchetti@ville-menton.fr
- ouverture régulière

Présentation

Le plan

Serre de la Madone est un lieu-dit, au milieu duquel L. Johnston a rassemblé de 1924 à 1939 un imbroglio de parcelles disposées en terrasses, pour créer son jardin méditerranéen. L'entrée est tout en bas, près de la route, et le promeneur grimpe de terrasses en escaliers et de restanques en terre-plein jusqu'au sommet de la colline.

Il a organisé l'ensemble selon un approximatif plan orthogonal. La promenade principale traverse grosso modo le jardin de bas en haut en passant par la villa. Des axes secondaires et perpendiculaires circulent à flanc de restanque. Mais rien n'est rectiligne, tout s'adapte en souplesse à l'irrégularité du terrain et des murets pré-existants. Rien n'est obligatoire non plus, des itinéraires collatéraux sont proposés.

Le mystère est là aussi. Au cours dela première partie de la promenade, le visiteur ne comprend rien au plan et se sent perdu dans un déluge de verdure. Ce n'est qu'arrivé sur la terrasse aux bassins qu'il aperçoit la villa perchée tout en haut d'un escalier de pierre majestueux.

le petit bassin et la serre froide la pergola le jardin mexicain les restanques le grand escalier les grands bassins la serre chaude le jardin à la française la villa et la terrasse le jardin mauresque le belvédère
Plan librement adapté de celui qui figure au revers de la couverture de Louisa Jones, Serre de la Madone, éd Actes Sud/Dexia éditions, Paris, 2002
  1. Le petit bassin et la serre froide.
  2. La grande pergola.
  3. Le jardin mexicain.
  4. Les restanques.
  5. Le grand escalier.
  6. Les grands bassins.
  7. La serre chaude.
  8. Le jardin à la française.
  9. La villa et la terrasse au mandarinier.
  10. Le jardin ibéro-mauresque.
  11. Le belvédère.

Les plantations

Dans les années '20, les Anglo-saxons, en villégiature sur la côte d'Azur, avaient amené dans leurs bagages leur goût naturel pour les jardins. Les plus riches n'hésitaient pas à faire venir chaque année d'Angleterre des rouleaux entiers de gazon vert émeraude qu'ils laissaient mourir en été. Ils plantaient aussi avec passion des palmiers africains, tapissés à leur pied d'exotiques colorées.

L. Johnston, influencé par W. Robinson et G. Jekyll, débarque sur la côte d'Azur avec d'autres conceptions.

Il apprécie la flore locale en général et celle de son jardin en particulier. A son arrivée, les terrasses sont plantées de citronniers, d'oliviers et de vignes et au sommet, règnent les pins maritimes et les chênes pubescents (Quercus pubescens). Il n'hésite pas à garder les plus beaux sujets.

Mais cela ne l'empêche pas de partciciper à de nombreuses expéditions lointaines d'où il ramène une foule de plantes exotiques. Il les observe attentivement avant de les mélanger aux espèces locales.

Et si il n'échappe pas à la collectionnite, l'esthétique est toujours restée primordiale. Il ose planter de grandes taches d'une seule espèce ponctuées de plantes isolées qui font vibrer les premières: Tulipa clusiana sur tapis de pervenches (Vinca), pivoines arbustives au milieu des iris d'Alger (Iris unguicularis), etc... Et plus il avance en âge, plus les contrastes puissants le séduisent comme les massifs d'agapanthes enflammés de strelitzias.

Mais il faut toujours garder à l'esprit que ce jardin a été conçu pour l'automne et pour l'hiver. L. Johnston arrivait en octobre et repartait à Hidcote en avril. Le visiteur estival, comme moi, le découvrira donc à la basse saison...

L'histoire

Le passé

En 1907, Mrs Winthrop acquiert un vaste terain à Hidcote dans les Cotswolds. Elle commence à jardiner, mais très vite son fils Lawrence Johnston (1871-1958) se prend au jeu.

Après la première guerre mondiale au cours de laquelle il est blessé, ils font quelques séjours sur la côte d'Azur. En 1924, ils se décident à acheter quelques parcelles sur les hauteurs de Menton. Ce sont des propriétés agricoles étagées en terrasse, et déjà équipées de circuits d'arrosage. Chacune possède son bâtiment. En 28 et 30, ils complètent les terrains du bas, puis acquièrent en 34 et 39, le haut de la colline et la maison principale.

Le dessin des premières terrasses du bas n'a pas été modifié, mais, en haut, L. Johnston aménage les grands bassins, il agrandit la maison principale, perfectionne les circuits hydrauliques et crée des escaliers.

Il vit là d'octobre à avril entouré de 23 domestiques: 12 pour la maison et 11 pour le jardin. Il organise beaucoup de mondanités et reçoit tout ce qui compte dans le monde anglo-saxon de la riviera. Mais malgré les apparences, il n'aime pas trop ces obligations sociales. Il préfère de loin s'occuper du jardin. Tous les matins, vêtu d'une veste aux coudes de cuir, d'un pantalon de golf en tweed et couvert d'une casquette, il inspecte les terrasses avec sa dizaine de chiens qui courent derrière lui. Il parle aux jardiniers, organise le travail, et s'émerveille devant les plantes.

Le jardin est à son apogée juste avant la deuxième guerre mondiale. A la fin de celle-ci, les allemands occupent la propriété et l'abiment beaucoup. L. Johnston répare mais en 1952 un violent orage déclenche un glissement de terrain qui détruit tout le haut de la colline. La terrasse mauresque et celle du mandarinier sont endommagées et la maison est envahie par la boue.. Comme sa mère, Johnston est atteint de la maladie d'Alzheimer et ne parvient pas à faire face. Il s'éteint à la Serre de la Madone en 1958.

Et le jardin pase de mains en mains et sombre dans l'oubli...

Le futur

En 1981, deux historiens des jardins, Michel Racine et Ernest Boursier-Mougenot s'inquiètent de son état. Ils tentent d'émouvoir les pouvoirs publics qui, en 1990, le classent au titre des Monuments historiques. En 1999, le Conservatoire du littoral l'acquiert avec l'aide de la ville de Menton, du département des Alpes maritimes et de la fondation EDF. Elle en confie la gestion à la mairie de Menton.

La restauration des structures est pratiquement terminée aujourd'hui. Reste la question des plantes. Faut-il replanter à l'identique pour des touristes qui viennent surtout en été, donc à la saison morte ? Faut-il ouvrir ces lieux de vie calme et sereine à la promenade de visiteurs pressés et bruyants ?